CHAPITRE IX

LA LENTEUR TUE

Dans un ouvrage que tout prétendu humaniste devrait avoir lu, l’érudit Cherokee Ward Churchill (collection Nuage Rouge, Editions du Rocher) introduit à propos des idées toutes faites sur la notion de génocide, (celui des Indiens d’Amérique en particulier) le concept de « dissonance cognitive » destiné à provoquer dans le public le bouleversement d’une « série d’hypothèses confortablement familières » qui amènent à repenser un problème.
Il admet qu’il s’agit d’un « terrorisme psychologique conscient et délibéré », mais qu’il est « bénéfique et constructif ». Je pourrais ajouter que ce concept est bien la moindre des politesses à opposer aux pseudo argument des ruffians qui détiennent conjointement le pouvoir et la parole.
De la même manière un petit ouvrage de conseils de conduite, discrètement et modestement écrit voici quarante ans par un authentique champion des temps héroïques, Maurice Trintignant, commençait par une première partie titrée « Idées fausses ». La première et plus importante citée était ainsi libellée : « Lenteur égale sécurité ». On peut constater 40 ans plus tard que rien n’a changé et que l’évolution de l’individu ait même eu tendance à s’opposer diamétralement à celle de la technique.

La lenteur tue !
Ce ne pourrait être que l’écho inversé, l’argument miroir au mot d’ordre placardé partout « la vitesse tue ». Ce pourrait être une hypothèse d’école, un passionnant sujet de dissertation du style : Voilà 100 ans qu’on vous dit que c’est noir, et cela ne s’arrange pas. A partir de maintenant, on va dire que c’est blanc. Exaltant, non ?
Mais c’est mieux qu’une hypothèse excitante.
C’est une vérité irréfragable.

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Est il normal, logique, rationnel, raisonnable, intelligent, prospectif, productif, optimiste, etc, etc qu’une 911 biturbo roule à la même vitesse qu’une Fiat Panda ? Une voiture âgée de trente ans à la même allure que la dernière nouveauté ? Une Audi RS 4 à la même vitesse qu’un trente huit tonnes sur une nationale ? A 18 heures et à 2 heures du matin ? Sur une départementale cagneuse et sur une nationale lisse et rectiligne ? Dans une rue du centre ville ou sur un boulevard extérieur ? Conduit par un individu de 20 ans à 90 ans, sain ou bourré de calmants, avec une licence de pilote en poche ou l’expérience indubitable de conduire des tracteurs tous les jours ?....

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Nous avons vu que Gérondeau-Got, préconisaient de ne pas dépasser pour exclure tout risque lié au dépassement (imparable) et, plus forts que Hitler avec son Käfer, avaient prévu de doter chaque français d’une Deux Chevaux, lorsqu’ils seraient dictateurs, pour les empêcher de se dépasser. Saisissez au passage la densité psychologique et la connaissance éthologique qui sourd du fantasme dominant de Got, qui n’imagine pas un seul instant que des conducteurs disposant de la même monture pourront quand même rouler à des allures différentes !

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La théorie du doubleur lent

Le type de choc collectif que je viens d’évoquer peut avoir pour origine un nombre exsangue de causes occasionnelles et j’en citerai.
Mais sans bouchon ou ralentissement, il est irréalisable, les distances de vision, de freinage, d’absorption d’inertie étant alors suffisantes.
En outre, cette disparité intervenue à un moment donné entre les vitesses, pour finalement aller jusqu’à l’arrêt ne sont en aucun cas le fait d’un conducteur roulant « trop » vite par rapport à l’allure plus ou moins linéaire de la file qui le précède, parce que dans ce cas,il va automatiquement moduler sa vitesse en fonction –il ne va pas taper exprès…- mais bien au contraire celui d’une file roulant à une vitesse normale d’une façon plus ou moins linéaire et qui va rattraper un bouchon existant, ou en devenir et soumis à des variations d’allures très importantes. Dans ce cas si la circulation des arrivants est assez fluide et si les premiers arrivés sont expérimentés et ont des nerfs d’acier, ils freineront juste, sans bloquer, tangenteront et allumeront les warning pour indiquer le danger et l’onde de choc ira en s’amenuisant et se ralentissant sans provoquer de dégâts. Si non, le chaos avec son lot d’imprévisible.

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Le doubleur lent est une plaie infecte et très répandue des autoroutes et des voies rapides que son incompétence à la conduite transforme en entonnoirs. Ce cancer semble impossible à soigner ou à éradiquer, car le doubleur lent roule en général bien en dessous de 130, et tout est permis en dessous de 130. Il a pourtant sur la conscience la majorité des morts autoroutières.
Mais le jour où les ingénieurs de la DDE qui le savent –il y a, un ou deux- auront le droit de le dire et où ceux qui ne le savent pas auront le droit de le savoir, n’est pas encore arrivé. Quant à la gendarmerie, laissons la cette fois en dehors d’une dialectique qui la ….dépasse.

Et j’enfoncerai encore le clou en car ce comportement est typé français exclusivement. Dans l’Europe géographique, seul le Suisse est capable de se comporter aussi mal.

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Conséquence imparable et fortement aggravante de la geste du doubleur lent

Le fait de circuler à la queue leu -leu, à des distances trop faibles des autres est un danger bien réel, et le rappel de ces fameuses « distances de sécurité » (impossibles à respecter dans le contexte d’une vitesse limitée, je vais y arriver…) d’une importance capitale, parce que là ce sont les lois physiques naturelles qui décident et qu’elles sont inflexibles, sont des conséquences directes de la geste du doubleur lent.

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Où l’on s’aperçoit qu’un comportement responsable, expérimenté et sécuritaire devient une source de profit pour les crapules, (la démonstration est ici imparable), que la sécurité routière n’intéresse pas le moins du monde

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Toutes les guerres font cela derrière des bannières d’ « idées » et j’ai le mauvais goût de trouver cela d’une connerie ahurissante. Nous avons vu que pour la sécurité routière, ce n’est que pour le fric, on respire.

En effet, à part la vitesse, tout est permis sur la route.
J’avais été surpris de trouver un écho favorable de la part de Moto Journal à qui j’avais adressé une hypothèse extrême concernant la déviance de l’idéologie crapuleuse gobée par la foule : A propos de ceux que les Allemands, très sensibilisés au problème, appellent les Blindfahrer (littéralement : conducteurs aveugles), ceux qui prennent les autoroutes à contresens, je prophétisais : Bientôt, quand un conducteur normal tapera un de ces Blindfahrer, on essaiera de déterminer la vitesse du conducteur normal, celui qui allait dans le bon sens, pour savoir si par hasard il ne roulait pas trop vite.

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Cette déviance cautionne évidemment ces formules préférées des grilleurs de priorité en tous genres, de ceux qui vous font la perpendiculaire à trois mètres de votre capots : « Je vous ai pas vu » (on va pas en faire une plat) ou pire : « Et alors, c’est 50 en ville ! »Même si vous arriviez à 25…

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Ces débilités ont une caution et une induction officielle, la loi Badinter sur l’indemnisation des victimes dont Me Jehanne Collard déjà citée, s’est servie pou « écrire un livre ». (Entre la télé et les bouquins, certains avocats ne semblent pas débordés), et d’une manière plus générale l’idéalisation par les socialistes de toutes les idéologies ayant pour finalité le sauvetage de l’humanité sous toutes se formes en totale contradiction avec les réalités naturelles de la phylogenèse.
Les « idées » de ces « forces de progrès » dont les suffragettes aimeraient à faire passer le discours prospectif pour bestial avaient repris ces dernières années un peu de vigueur en face d’adversaires désemparés, désarmés,découragés de tenter quoique ce soit pour ne pas être étiquetés fascistes. Les mythes de l’Absurde avaient été caricaturés, Sisyphe se retrouvant la cible d’un éboulement en remontant son rocher.
Peut on imaginer qu’une entité supérieure dise un jour au Renard : « Arrête de bouffer les poules ! » et aux poules : « à partir de maintenant, vous allez avoir les mêmes droits que le Goupil » Ce serait ridicule, absurde et très dangereux.