CHAPITRE VI

LE TRIBUT DE LA VALETAILLE

«Si je n’adhère à aucun système, c’est que je suis le vrai chercheur »
Michel Bakounine

La contribution de la presse est pernicieuse, et plus encore dans les grands débats de société. Elle est le vecteur qui choisit de donner la parole à celui qu’elle juge apte à donner son avis. Elle ne peut s’opposer aux communications faites par les pouvoirs politiques. Ou sous couvert d’élévation intellectuelle, faire intervenir des cautions scientifiques ou techniques. Elle peut enfin donner, suprême facétie, la parole au couillon qu’elle décervelle tous les jours.

Les associations : Toujours à la recherche de nouveaux adeptes et promulguant souvent des sentiments et des croyances en lieu et place d’idées, leur démarche présente une similitude troublante avec les sectes. Comparées à des sociétés commerciales, elles peuvent quasiment tout se permettre. Vous pouvez être la reine du point de croix et diriger par exemple, une ligue contre la violence routière et être à ce titre l’objet d’une consultation qui risque d’amener un jour à construire des autos avec comme concept dominant l’endroit où l’on pourra poser le chauffe biberon.

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Les sympathisants de Mme Jurgensen tombent par ignorance plutôt que par mauvaise foi, (il faut être lucide pour être roué) dans les mêmes travers que Got quand il qualifie d’arrogants les conducteurs de BMW-Mercedes, ou de de Closets et de sa remarque ahurissante de débilité sur « le plaisir de rouler à 130 ».

L’argument massue de ces gens là, si vous évoquez la vitesse de l’Audi, est irrépressible, car il vient des tripes, et se traduira essentiellement de deux façons : Et si un pneu éclate ? S’il éclate à 110, le résultat sera le même pour environ 98 % des conducteurs. Le pilote rapide sera en outre plus à même d’avoir la bonne réaction ou mieux, le réflexe conditionné adapté, l’état de sa voiture découlera le plus souvent de la check list du transport aérien rendant le risque d’avarie infinitésimal.

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Sans autre précaution, elles ferment le ban : «Là encore, c’est la vitesse qui est en cause » Parangon final du N’importe quoi érigé en manuel d’emploi. S’il existait en France une justice non inféodée au pouvoir, ces bacchantes seraient traînées sur les bancs d’infamie pour travestissement de chiffres, non assistance à personne en danger, propagation de sida mental, et surtout puisqu’elles même affectionnent tant le concept, mise en danger de la vie d’autrui puisque leur amphigouri barre la route à une étiologie objective. J’ai eu l’occasion de récupérer cela au crédit mutuel des enseignants, ces français très moyens politisés dans le même sens, qui n’utilisent un véhicule que pour les loisirs –qu’ils ont fréquents il est vrai – et qui sont les redoutables détenteurs du « savoir » qu’ils sont chargés d’imprimer à des gamins… En revanche, je ne vois pas de raisonnement propre à autoriser la diffusion de cette publicité sanieuse par le biais de la gendarmerie et la police, à part un rapport entre la caque et le hareng, et la commutativité probable d’une circulation d’informations des casernes aux cours de récré et comme disait San-A , « lycée de Versailles ».

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Entre les vertus de la sieste canaille et le célibat des prêtres, une enseignante en sciences politiques de l’université Robert Schumann de Strasbourg donne, le 7 Juillet 95 son avis péremptoire sur la sécurité routière. Cette dernière ne mène à rien, mais la science politique mène à la sécurité routière. Elizabeth G. Sledziewski, virulente, rend les députés complices des « chauffards », ceux qui roulent vite. Le texte est illustré par la photo d’une R18 turbo qu’un arbre en bois dur a réduit de moitié dans le sens de la longueur, dans le plus pur style sortie de discothèque. Pêle-mêle, EGS prend la défense de JP Fuchs, annonçant ainsi la couleur de sa paroisse, brosse les clichés avec ce qu’il faut d’humour vulgaire, fustige les « Rambo de la route » (on en profite pour situer ses repères culturels en matière cinématographique). C’est le ronron connu, mal écrit, non documenté, complaisant, et sur toute la hauteur de la page.

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Néanmoins la psychologue nous apprend qu’elle intervient essentiellement dans le cadre d’opérations de contrôles de vitesse –nous y revoilà- répressifs ou préventifs. (Que ceux qui ont déjà rencontré des radars « préventifs » m’écrivent, ils ont gagné un airbag en bois)

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Retour aux chiffres idiots avec « à 90, un choc équivaut à une chute du 9ème étage » (cf les exemples de Gérondeau Got ou ceux de la ligue, on est plus à 10 étages près)

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« Ce qui unit les hommes de qualité où que soient leurs attaches, c’est leur dégoût commun de la police »
Gérard Guéguan.
Spécial gendarmerie :
« Ces furies, c’est à peine si j’ose
Le dire tellement c’est bas,
Leur auraient même coupé les choses
Par bonheur, ils n’en avaient pas »
Georges Brassens (Hécatombe)

Ce paragraphe essaiera de mettre en lumière la geste flicardière avec en préambule la réflexion qui anima Maurice Trintignant voici plus de quarante ans. Trois corps d’Etat au moins font la police sur la route. Au moins car le tout récent duo Raffarin-Sarkosy , sous la pression d’une opinion publique frileuse qui veut toujours plus de sécurité sans savoir exactement ni quoi ni où ni comment, fait dans le spectaculaire en étendant des pouvoirs de police de la route aux municipaux et aux gardes-champêtres, quand dans le même temps des gamins insouciants continuent de traverser les rues, seuls à la sortie des écoles. En outre cette façon n’a aucune chance de relever le niveau déjà si peu adapté de ceux qui contrôlent habituellement. « Qu’ils s’entendent d’abord entre eux ! » tonnait le Maurice. Mais la concurrence est rude quand il s’agit de tondre le plus de moutons possible.

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En manque d’une bonne guerre et avide de redorer un blason bouffé aux mites, ils font des concours de gendarmeries fleuries avec remise de coupes, se déploient pour Vigipirate (piraterie médiatique), font du « charme » en Indre et Loire en distribuant aux contrevenants des photos d’accidents horribles, mais 302 conducteurs n’ont pu ce jour là bénéficier du charme en raison de leur trop grande vitesse…font des opérations « portes ouvertes à la gendarmerie » en distribuant des plaquettes valorisant le gendarme qui sauve, qui conseille (pour éviter le vol à la roulotte, ne rien laisser dans sa voiture, et sans doute pour éviter les cambriolages, ne rien laisser chez soi…), avec la touche charmeuse de la gendarmette chevauchant le célèbre destrier flat twin de Munich, la France éternelle ayant inventé la Mobylette, mais pas encore la motocyclette.

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Accessoirement, il existe même des super gendarmes qui jouent à James Bond dans le gouvernement A, sont mis en examen (pour rire, car on est sui generis) dans le gouvernement B , puis qui écrivent un livre, comme Prouteau et Baril.

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La justice avec un j comme juteux, jeton (faux), Jarnac.

La loi reproduit en théorie la volonté démocratique. Elle est en réalité appliquée au mieux des intérêts des gouvernants. Police et gendarmerie traquent au nom de cette finalité pratique, infractions et délits agrémentés d’un barème que pourrait appliquer n’importe quel fonctionnaire ou même un ordinateur qui aurait sur l’institution judiciaire l’avantage de la rapidité. A quoi peut donc bien servir un juge, car en plus d’être aveugle et parfois impotente, la justice est d’une lenteur à faire peur. Un de mes salariés se fait défoncer sa voiture par un voyou qui n’a ni assurance, ni permis, ce qui fait, que comme dit encore mon camarade Lapalisse, ils ne peuvent pas le lui retirer. Trois jours plus tard le même voyou fauche une passante qui agonisera avec un membre arraché. Je crois bon de rappeler, de marteler, d’insister sur le fait qu’un individu sain d’esprit se verra retirer son droit de conduire sur-le-champ s’il roule à 170 sur une portion d’autoroute sans risque.

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C’était un bref aperçu de la justice dans ce qu’elle a de moderne et de civilisé, mais qui n’a finalement que peu de différence avec celle de Salomon, de St Louis, ou de Roy Bean à l’Ouest du Pecos.

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Les collabos

Ceux là vivent de l’automobile, mais ils crachent dans la soupe. En premier lieu les assureurs qui véhiculent les diktats du pouvoir. L’UAP, numéro 1 oblige, se paie une double page de publicité dans le « Figaro Magazine ». Un cliché évoquant celui des radars représente de face une auto flashée à 148 Kmh. Selon l’endroit, ce pourrait être un conducteur qui se traîne, n’importe, le commentaire dit ceci « A l’UAP, les bons conducteurs ne paient pas pour les mauvais ». Vous avez saisi qui étaient les mauvais, les mauvais assureurs s’entend. En 1995, la fédération française des sociétés d’assurance s’allie à la Prévention Routière (…) pour éditer des plaquettes différentes des Vapona en ce sens qu’elles puent le mensonge, sous le titre de « 7 idées fausses qui tuent sur la route ». La vitesse, sans être dissociée de l’excès, y est condamnée sans appel car elle est le « premier facteur d’accident » C’est conçu par une agence de communication, Com NB& Utopie, c’est le mot, en effet. La même année, le groupe Azur gratifie son lectorat d’une « étude » de deux pages dénommée « les grandes étapes de la sécurité routière ». Même impasse que UAP et AXA, visiblement la source est la même, la sauce est légèrement différente. Elle attaque la « forte minorité » encore fière de rouler « vite et bien », et tête baissée contre l’évidence, les Allemands et leur vitesse libre, en reconnaissant leur chiffre révélateur d’une meilleure sécurité ! Mais les Boches ne passeront toujours pas, car « les études françaises démontrent que la vitesse est directement liée au nombre d’accidents ». Phrase creuse, affirmation de comptoir qui reçoit sa part de cautionnement scientifique : « Chaque kilomètre heure en plus, c’est 3 à 4% de victimes supplémentaires » (à ce train là, 260 dans la descente de Boulay, , c’est la ville de Metz qui est rayée de la carte).

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Les femmes sont des hommes comme les autres sauf que leur unique et exclusif centre d’intérêt, c’est elles mêmes et ce qu’elles sont capables de produire, les bébés. Si elles ne peuvent pas ou plus, elles disposent d’une batterie de projections connexes, comme l’aide aux enfants du Soudan par exemple, ou la création de ligues ou de fondations –nous l’avons vu – toujours à finalité de sauvetage. Cela ne les empêche pas de fantasmer en parcourant des magazines où chaque page offre une créature divine forcément puisqu’elle vient de s’oindre les courbures à la pommade X qui transforme les mères Groseille en Claudia Schiffer. Mais quand même mal dans leur peau, conscientes d’avoir eu tout de suite ce qu’elles voulaient, bébé, pavillon, Scénic et vacances à Ibiza mais sentant confusément, que peut-être existait un meilleur ailleurs. Désespérées mais lucides, pas du genre à se jeter sous le train, mais tellement déboussolées que leur presse cocon est obligé de leur mitonner comme jadis les fiches cuisines, des suppléments de « 14 fiches Sexe ». Normal, aujourd’hui, c’est le mari qui a la migraine.

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Cinq pages d’un cahier fourre tout d’une Marie France Vigor qui annonce que « quelques Kms de trop, c’est assez pour multiplier le risque de tuer au volant » Elle est sûre de ne pas se trop se tromper dans les chiffres

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En roulant à 150 au lieu de 130, on ne gagne que 6 minutes aux 100 kilomètres. Ces remarques faites pour séduire un comptable ou un contrôleur fiscal ne faisant bien sûr aucune référence à l’infinité de combinaisons résultant des nombreux paramètres qui définissent le déplacement d’un mobile et de son conducteur. De la non info pour lire lorsque la mélanine remonte et que la cellulite colonise le sable. Je n’ai même pas eu la curiosité de lire le « cahier tabou » annoncé par le gros titre suivant : « les mystères du sexe de la femme ». Je le lirai quand ça paraîtra dans Auto-plus.